Du goudron et des plumes

Enfants de Goscinny, quand le poker était menteur,
c'est avec des vautours interlopesque nous rejouions les plages de Bretagne après l'Amoco Cadiz.

(chi-ca chi-ca chic ay ay ay).

Amusés, goudronnés, emplumés, on change d'espèce sans pour autant rien comprendre aux raffineries et aux oiseaux.
Ces fossoyeurs d'optimisme, ces prédicateurs dont le seul coït est l'apocalypse transforment notre ADN.
Nos sueurs et nos humeurs virent au noir gluant et nos poils en perçant la couche épaisse fleurissent en plumes.
Nous en produisons généreusement et par solidarité névrotique,
nous en recouvrons ceux qui en sont, par un hasard cruel, dépourvus.
Victorieux les vautours hilares nous observent à la sortie des villes,
main dans la main en longs rubans d'asphalte et de plumes.

Malheur à celui qui rit, pourvoyeur de nids de poules fourrées de belles dents blanches.
Fossé aléatoire laissant l'avenir incertain, sensible aux bons mots et à la joie de vivre.
Tous ces goudronneurs méticuleux s'empressent de fourrer dans tous les
orifices, rigolards, un complément de macadam chaud et duveteux.
Plus la route est longue, plus beau est le triomphe des bétonneurs de consciences.
Petite route en marge des autoroutes.
Attention déviation, itinéraire vert, tout droit à travers les bois.
Il va falloir se débarrasser de ces humeurs noires et de ces faces de poulets aux hormones.
Le soleil, peut-être à force de chaleur, pourrait, de nos peaux addictives, fondre l'enrobé et les plumes.
Il faudrait accepter de bronzer idiot pour retrouver un peu d'intelligence.
Que ceux qui disent que tout est foutu trouvent un autre prétexte pour être des victimes.
Qu'ils se taisent et que nos rires fissurent l'avenir
jusqu'à en décoller cette tapisserie de deuil.

Prenons des déviations, des routes fermées pour cause de travaux, des chemins de poussière.

Bon voyage vers la gaieté mes amis.

Jean-Charles Bou-Haniche, Président
assemblée générale,
le 16 novembre 2016, Marseille