Le bruit du silence

Une année de bruits qui courent et n'arrivent pas.
Les bruits qui trébuchent et s'essoufflent comme des cardiaques têtus.
Des silences qui prétendent en dire long.
Ceux qui parlent devraient faire court.
Et si le bruit avait un sens,
le silence en aurait un autre
et en se croisant ils doubleraient leur vitesse.
C'est peut-être à voix haute.
Et si la voix ne devait être que haute, que penser de la pensée ?
Elle pourrait, par un malheureux hasard sonore, ne pas exister.
Alors ceux qui parlaient plus fort auraient raison,
pas de nécessité neuronale, juste des cordes vocales bien musclées.
Et si ce muscle à décibel par des acouphènes répétés terrorisaient tous ces petits liens chimiques qui emplissent nos têtes molles.
Alors le son, nourriture des ânes, envahirait la lumière et remplirait nos corps de borborygmes indigestes.
Mes amis, il est temps de penser à demain,
même si lui ne pense à nous que pour nous surprendre.
Tendons-lui une embuscade et emparons-nous
de ses donjons et de ses douves.
Quand après un long siège,
nous profiterons de ces lendemains qui murmurent,
nous pourrons siroter nos pensées silencieuses.

Jean-Charles Bou-Haniche, Président
assemblée générale 2017,
le 4 octobre 2018, Marseille